La fuite du temps
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Pourquoi tout le monde prétend que les choses étaient "mieux avant"?
Un adolescent regrettera l’insouciance de l’enfance, un adulte regrettera le confort de l’irresponsabilité de l’adolescence ainsi que l’insouciance de l’enfance et un vieillard regrettera la jeunesse passée, le confort de l’irresponsabilité de l’adolescence ainsi que l’insouciance de l’enfance. Seul l’enfant est bien loti qui ne regrette rien, n’ayant pas assez vécu.
Est-ce par habitude de se plaindre ou par regret réel ? Ou n’est-ce pas plutôt la crainte de voir le temps passer si vite et voir s’approcher le tombeau, inexorablement? Le passé, c’est lorsqu’on avait la certitude de ne pas mourir demain après tout… même si on ne le sait qu'aujourd'hui. Le présent, c’est la crainte du futur. Le futur demeure un point d’interrogation, un "quelque part" dont personne ne connaît ni ne connaîtra le contenu, on sait seulement que la mort nous attend à un point plus ou moins éloigné du « nous » actuel. Le passé est confortable, un terrain bien connu et exploré dans ses moindre recoins, de l’acquis. Le passé est mieux dans la mesure où là où on en est, on sait que la mort ne nous a pas frappés entre temps, et que donc, même si on ne le savait pas, on pouvait vivre heureux sans crainte.
Pourtant, dans le présent, on a toujours conscience que spirituellement et dans nos connaissances, on vaut mieux qu’avant, les connaissances et l’expérience, une certaine habitude des situations difficiles, tout ceci nous a fait évoluer, vers un "nous" plus complet, qui semble de mieux en mieux correspondre au véritable "nous", celui qui verra ses connaissances à leur apogée, quand, à l’heure fatidique, il sera pour la dernière fois ce qu’il a été et le demeurera à tout jamais. Si nous étions immortels, nous serions tous des érudits... La seule "régression" possible est apportée par la maladie, la sénilité, et la force physique qui décroît, mais ce n'est pas une régression dans la mesure où les gens se souviendront de nous comme ça, ce sera notre finalité, la dernière image du "nous" existant.
Le "nous" actuel est supérieur au "nous" passé. Mais que sera donc notre futur "nous"?
Suis-je la seule à trouver que le temps qui passe nous rend de plus en plus complet? (j'admets que la vieillesse apporte aussi son lot de sénilité et rhumatisme, maladies et rides également, ce qui nous abîme et nous détruit, mais je pense plutôt à la prime évolution, jusqu'au début de la vieillesse, quand les rides et les cheveux blancs sont là mais que l'on est au point culminant de notre vie, celui où les connaissances s'élèvent au point le plus élevé, celui qu'on aurait jamais imaginé atteindre quand on était à l'état d'enfant insouciant du futur et de la vie, juste avant la régression. Ou tout simplement maintenant... Quand le temps a passé, tout simplement... Autant qu'on peut en juger : n'est-on pas mieux qu'avant?)
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[Je crois bien qu'il va être temps de me remettre à la philo moi]
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