Lire
Tous ces livres auxquels je n’ai pas touchés pendant si longtemps...
Adolescente, j’attendais toute la journée ces moments privilégiés, ceux où je pouvais m’évader, entrer dans un autre monde pour oublier le mien. Même la plus poignante tragédie me semblait préférable à ma vie, je m’immergeais toute entière dans ces univers, sans même remonter pour reprendre mon souffle, jusqu’à ce que j’ai tout tiré, pressé jusqu’à la dernière goutte de ce jus délicieux que je buvais avec délectation, et que je refermais le livre, épuisée, vidée, suffocante et soulagée d’être libre, libre de ne plus dépendre du livre, de ne plus attendre des heures en cours en rêvant de ce monde que j’avais laissé à regret, libre de choisir le prochain monde où je m’immiscerais…
Mais j’ai fait une overdose de lecture. Je me sentais prisonnière. Aveuglée. J’ai décidé d’affronter le monde, oublier ceux qui me faisaient tant rêver. J’ai laissé à regret tous ces livres que j’avais lus et relus jusqu’à plus soif, me contentant de ces friandises, ces livres qu’on nous impose au lycée et dont je continuais à me délecter, espérant que, malgré les plaintes des autres élèves, la plupart étant des jeunes qui parlent à l’envers et ont oublié de respecter la langue française, on nous en demanderait plus, me nourrissant de ces "obligations".
Aujourd’hui les choses ne me semblent plus du tout pareilles, je me suis fixée des limites. Je ne sors un livre que dans des salles d’attentes, chez le médecin, sachant que l’attente sera longue, et chaque soir. Je m’autorise à me replonger dans un autre univers. Mais je ne suis plus prisonnière. J’ai choisi la liberté de lire, car la liberté c’est s’évader, sortir du monde qu’est le notre pour en connaître d’autres, nés du génie ou de la singularité d’un autre être humain…
Lire, c’est s’enfuir sans lâcheté.
Lire, c’est trouver un compromis.
Lire, c’est s’enivrer.
Lire, c’est vivre un peu plus...
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Pour terminer sur une note plus légère :