Prostitution de l'esprit
C'est étrange,... depuis peu, je n'arrête pas d'écrire. Des pensées, beaucoup de souvenirs, des réflexions parfois un peu philosophiques,... (rien qu'un peu, je n'ai pas la prétention de philosopher à 100%) Il y aurait de quoi faire un gros bouquin avec le contenu de mon ordinateur.
Mais bizarrement je ne mets rien de ce que j'écris ici, j'ai l'impression qu'en écrivant on se dévoile. Trop. On est ce qu'on écrit, ou plutôt on écrit ce qu'on est. On ouvre le livre de nos pensées et on l'étale, à la première page, à la portée de tous. certains se penchent et déclarent, "Hum... ça a l'air pas mal" et tournent la page, jusqu'à ce qu'ils se soient lassés, qu'ils aient changé d'avis ou qu'ils aient fini le livre alors que d'autres diront "Il est ennuyeux ce bouquin, "vide"!", et le refermeront d'un coup sec, ou liront le résumé pour imposer leurs mauvaises critiques mesquines et ô combien inutiles car pas du tout constructives. Dans les deux situations, on dépend de celui qui a décidé de se pencher sur nous pour satisfaire sa curiosité. On a peur qu'il n'apprécie pas ou pire, qu'il déteste, qu'il méprise. Qu'il nous méprise.
Certains, au contact d'une personne, leur source d'inspiration, développent des talents artistiques inconnus jusqu'alors et n'ont plus peur de s'entraîner, de s'exprimer, d'évoluer, épaulés par leur muse. Moi c'est l'inverse, ma nouvelle solitude me permet d'avancer. J'avais un frein. Une désinspiration. Maintenant je m'autorise à tenter, qu'importe le résultat, tant qu'il me correspond. Seul le temps me fera changer et apporter de la précision, de l'assurance en ce que je fais, remodeler ce qui doit l'être, compléter et corriger. J'ai toujours agi de cette manière avec le dessin, mais les dessins que j'ose montrer au monde, que je ne maintiens pas pudiquement caché, me valent quelques compliments, donc je doute moins de ma capacité à faire un dessin potable qu'à écrire.
Je me souviens des "rédactions" au collège, des dissertations et commentaires composés que j'adorais au lycée. Je restais cependant toujours neutre dans mes écrits, autant que faire se peut, parce que j'avais toujours cette impression de montrer mon "moi" profond, celui que seule moi-même a le droit de contempler à loisir, de modifier des détails qui m'apparaissent obsolètes, qu'il est temps de faire disparaître avec les années qui passent, la maturité qui s'installe, mais aussi parce que je faisais en sorte de satisfaire mon correcteur, je rendais les écrits qu'on attendait de moi, l'important étant d'avoir la meilleure note. Étaler mon contenu aux yeux du monde me semblerait équivalent à me déshabiller entièrement au milieu d'une foule. Il y aurait les curieux, les pervers et les outragés. Sans compter que je me sentirais mortifiée par tant de jugements, de regards fixés sur moi, ma pudeur s'en trouverait offensée.
Les jugements négatifs m'effraient trop pour que je pense à "ouvrir mon livre" à quiconque, peut-être que si je m'entraîne suffisamment et que je gagne en confiance en moi, je deviendrais une célèbre écrivaine sur mes vieux jours (l'espoir fait vivre^^). Et puis le temps nous apporte toujours une meilleurs compréhension et maîtrise de la langue française, l'important est de persévérer, ne jamais stagner et entretenir et développer ce qui se trouve déja en nous...